Juan Asensio découvrant un film tiré de sa vie, scénario Ygor Yanka.
"La vérité vous rendra libre"
Certains ne manqueront pas de penser que nous nous acharnons sur le pauvre Juan Asensio. La vérité est que c'est lui qui s'acharne sur nous avec une régularité qui force le respect - et comme l'illustrent les notes et les tags [VOIR NOTE I PLUS BAS], de son dernier texte sur Jean Améry et la Shoah (car notre Basque préféré s'est découvert depuis quelque temps une conscience historique de très haut niveau et une vocation de chasseur de nazi comme on n'en n'avait pas vu depuis Inglorious basterds). Moins patient que moi, mais certes moins ancien que moi à subir les avanies du méchant, quoique cette fois-ci plus concerné par les aboiements sans fin de ce dernier, l'ami Yanka a décidé de réouvrir sa boîte à bobos. Et encore une fois, ça fait plutôt mal, c'est d'un justesse absolue (notamment en ce qui concerne les agissements d'intimidation et de stalking dont notre Stalker si bien nommé s'est fait une spécialité), et c'est magnifiquement salubre.
La preuve en quelques extraits pour la bonne bouche :
"Il n'est point besoin de lire longuement Asensio pour connaître ses marottes tant littéraires que sociales. Un personnage qui, dans un quelconque bouquin, s'écrie « Mon Dieu ! » pour avoir été le témoin d'une bavure tragique entre deux escargots appartenant à des bandes rivales, est immédiatement considéré par l'idolâtre basque comme un saint en puissance, et l'auteur du bouquin comme un fauve christique plus ou moins étoilé. Au début, on s'en étonne : aurait-il vu ou entendu quelque chose qui nous aurait échappé, à nous les sourds et les aveugles, qui ne savons pas lire ? On gratte un peu, on observe le loustic, on le relit, et puis on éclate d'un magnifique rire : c'est un procédé ! Le mot « Dieu » met le critique dans les transes et dans le ravissement."
(...)
"Une autre célèbre marotte d'Asensio est son obsession du pseudonyme. Il ne supporte pas, n'admet pas, qu'on puisse écrire sous pseudonyme. Dix ans que cet étrange prurit le démange. Comme d'autres dégainent Hitler pour disqualifier un adversaire politique, Asensio déclasse aux yeux de son public ses ennemis en révélant que ces derniers écrivent sous pseudonymes. Et sa cour stupéfaite — de vieilles universitaires hongroises, tamoules et pomaques — de s'esbaudir. Vraiment ? Trop drôle ! Lol alors ! MDR ! PTDR ! Yanka n'est pas son vrai nom ? Quel faussaire ! Quelle pitoyable larve ! Et il ose écrire ? Le vilain ! L'obscène manant !"
(...)
"Quelle est donc cette inédite névrose qui frappe Asensio, le tourmente et mentalement l'épuise ? Pourquoi est-il à ce point obsédé par l'identité des autres ? De quelle nature est son vertige du nom ? Une telle et si récurrente hantise cache de toute évidence une faille intime, un douloureux ictus. En vérité, Asensio déteste ce qu'il ne peut saisir (les mouches, par exemple) et donc posséder (rappelons que lui-même est possédé et qu'il est une sorte de démonologue amateur, du reste obsédé — encore, oui ! — par la figure de Judas, par ses œuvres sans doute aussi). Asensio vit dans l'insécurité ontologique permanente à cause de ces noms mal arrimés, flottants, vagues, fourbes et faux que sont à ses yeux les pseudonymes. Il en fait des cauchemars la nuit et des pipis au lit."
(...)
"On sait tout d'Asensio aussi. On sait qu'il se nomme réellement Asensio et qu'il est né à Lyon. C'est tout ce qu'on sait du bonhomme qui, jamais, ne parle de lui-même sous le rapport intime (ses amours ? ses amis ? sa famille ? ses lieux de débauche favoris ?). Voilà un lascar qui écrit depuis dix ans sur le Net et on ne sait rien de lui ! Il nous reproche de nous cacher sous des pseudonymes, tout en divulguant sur nous-mêmes plus d'infos qu'un super flic ne pourrait s'en procurer, mais lui se cache sous son nom véritable, et il appelle ça du courage. Quelqu'un a déjà vu une photo d'Asensio avec une femme — une amoureuse, veux-je dire ? Pas moi. Une photo de sa piaule ? Un indice permettant de savoir, à dix kilomètres près, où il habite à Paris ? Nul ne le sait. Et d'ailleurs on s'en fout. Ce qu'on sait par contre, c'est que ce paranoïaque profond, quand il visite des blogs ennemis, le fait toujours en passant par un proxy anonyme. Des fois qu'on l'identifierait par son IP ! Des fois qu'on puisse, grâce à son IP, le localiser et le menacer Dieu sait de quelle bastonnade sur le pas même de son repaire (on se rappellera le malaise de Pierre Cormary quand Asensio diffusa son nom véritable et insista beaucoup en apprenant à l'univers entier que le sieur Rey travaillait au musée d'Orsay. Au musée d'Orsay, vous avez entendu ? Est-il besoin de vous dire où ça se trouve ? "
(...)
"Je détiens de quoi faire sauter définitivement le bonhomme Asensio, de lui clore le bec pour longtemps, du moins en ce qui regarde son comportement, car je ne souhaite pas qu'il ne puisse plus critiquer librement des livres. Je ne détiens pas une pièce accablante, non, mais une idée puissante. Je suis gentil et patient, aussi ne vais-je pas dévoiler maintenant cette idée. Je la dévoilerai quand le vase où chie le gaillard débordera. Rien de sournois ni d'illégal, bien au contraire. Et nous mettrons un terme définitif à ses agissements."
L'intégralité du texte et les échanges entre Ygor et la créature, ici.
NOTE I : Tiens, tiens... Il semblerait que le texte de Ygor ait déjà légèrement laminé notre ami puisque dans la note où il nous incriminait, il vient d'effacer toutes références à nos noms et personnes. Comme quoi la savate yankienne a produit son effet au-delà de nos espérances - ce qui n'est tout de même pas une raison pour ne pas lire et diffuser ce très savoureux, très perspicace et très salutaire portrait. [VOIR NOTE II] (Vendredi 1er février 2013, midi)
NOTE II : Ayant sans doute changé d'avis et voulu à tout prix montrer qu'il en avait, le Grand d'Espagne vient finalement de remettre sa note et ses tags nous concernant, Ygor et moi (mais peut-être parce qu'il avait lu cette note-ci entre temps !). Ainsi, il parle de Jean Améry, de Hanna Arendt, de George Steiner, de Paul Ceylan, le tout sur fond de grande réflexion auschwitzienne, et enfin de nous qui avons évidemment un super rapport avec tout ça. Quel Ftalker ! (Samedi 02 février 2013, 23 h 55)
Juan Asensio (à droite) en pleine disputatio philosophique.